«
Bonjour ! Vous êtes bien sur radio Jacksonville-rv1 ! Jacksonville-rv1 ce n’est pas de la radio, c’est de la musique ! » J’abattis violement mon poing sur le réveil matin qui venait de se mettre en route et m’étirai doucement, me remettant péniblement et avec beaucoup de jurons, du fait que cette stupide machine venait de me sortir du plus beau rêve que j’avais fais depuis longtemps. Un magnifique rêve, je n’avais certes rien compris et il s’avérait être totalement idiot, mais Brian était dedans et me demandait de lui écrire une lettre sur du papier en Cashmire avec une encre couleur émeraude. Si je ne faisais pas ça, il ne se donnerai pas la peine de répondre à ma lettre. Vraiment idiot ce rêve…
Je frottais mes yeux encore endormis en baillant, et sortais avec la vitesse d’un escargot plein de morphine de mon lit. Comme d’habitude, je ne me dirigeais pas tout de suite vers mon armoire pour en sortir des vêtements, non, je descendais une vingtaine de marche avec peine et allais me préparer un café noir bien fort. Une fois que j’eu trébuché cinq fois sur mes propres pieds dans l’escalier et une dizaine de fois dans le couloir, j’atteignais enfin la machine à café avec un sourire aux lèvres. Maintenant chers lecteurs, vous saurez que je ne suis pas du matin, qu’il me faut ma dose de café (au moins trois tasses) et un petit bisou de mon amoureux (s’il y en a un) avant de pouvoir redevenir la jeune femme souriante et de bonne humeur que je suis. Vous voilà prévenus ! Ah oui, ne m’énervez pas non plus le matin, parce que sinon, je mords et je bave.
J’étais donc assise sur mon plan de travail, avec ma tasse de café à la main et habillée d’un short et d’un débardeur qui me servaient de pyjamas quand la sirène des pompiers se fit entendre. Etant donné qu’il me manquait encore deux cafés avant d’être réveillée, c’est d’un pas mal assuré que je me dirigeais vers la fenêtre du salon qui donnait sur la rue. En voyant le camion rouge vif planté devant une maison voisine, mon sens du devoir se remit rapidement en éveil et je sortais en trombe de chez moi.
Il ne faisait pas très chaud dehors, mais pas très froid non plus, disons juste que pour une jeune femme aussi peu habillée que je l’étais à ce moment… Il faisait quand même assez frisquet. Pour cesser les deux, trois tremblements dont j’étais prise, je tenais fermement ma tasse de café entre mes doigts, buvant parfois quelques gorgées pour me réchauffer. Je vis rapidement une jeune femme blonde devant moi, une de mes voisines, celle que je voyais comme étant la plus sympathique du quartier, ou du moins, qui me paraissait l’être ; Madame Anderson. Je me dirigeais donc d’un pas pressé vers elle pour savoir ce qu’il s’était passé. A peine étais-je à ses cotés qu’elle déclara :
« Je me demande ce qui a bien pu se passer. » Me voilà fixée, elle ne le savait pas non plus.
Je regardais derrière moi et vis un second camion rejoindre le premier, pourquoi en fallait-il autant ? Je me mordis la lèvre en le regardant se positionner juste à coté de l’autre. J’allais porter la tasse à mes lèvres quand je sentis la jeune femme me prendre par le bras et m’entrainer vers le devant de la scène. Je me laissais trainer, un peu perplexe et gênée par le geste soudain qu’elle venait de faire, mais me remis bien vite sur pied en entendant déjà la rumeur s’élever dans les rangs de curieux. Apparemment nous avions à faire à un mari qui trompait sa femme, et à ce que j’entendais… C’était sa femme la seule qui n’était pas au courant de cette affaire. Ou bien ? Mes sens et mes intuitions d’enquêtrice refirent surface, comme à chaque fois que je me retrouve devant un problème ou un inconnu, ces réflexions sur les autres et sur ce qu’il c’était passé ne cesseraient jamais avec le temps, c’était encré en moi. Je ne pouvais pas rencontrer ou voir un inconnu sans le cataloguer, lui mettre une étiquette, c’était ainsi, et mes étiquettes s’avéraient très rarement fausses.
Donc vu les circonstances, la main de ce pauvre homme qui pendait lamentablement de la civière, son visage reflétant l’angoisse et la peur, la jeune femme qui était certainement sa maitresse (et dans ce cas nous avons un magnifique jeu de mots étant donné qu’elle est institutrice) qui fondait en larmes… Etant donné qu’apparemment il avait mis sa femme à la porte il y a quelques temps et que maintenant il se retrouvait presque mort entre les mains des pompiers… J’en déduisais que c’était une histoire de ménage qui avait mal tournée. Son ex femme ne s’en était pas remise et avait décidé de l’éliminer, jusqu’à preuve du contraire.
Je me faufilais entre mes différents voisins, prenant avec moi Mme Anderson, et arrivais finalement devant les camions. Je trouvais rapidement un pompier qui n’avait rien d’autre à faire que de répondre à mes questions, bon d’accord, c’est moi qui l’avais décidé ainsi… Je pris une voix froide, assurée et professionnelle pour lui parler.
«
Abbie Marshall, enquêtrice au FBI. Que se passe t-il dans mon quartier d’ordinaire tranquille et de si bon matin ? »
«
Bonjour mademoiselle. Monsieur Henrix a apparemment été empoisonné, c’était une faible dose, nous l’emmenons tout de suite à l’hôpital pour un lavage d’estomac. »
«
Bien, faîtes vite. »
Je poussais un long soupir et me retournais vers la demoiselle que j’avais toujours à mon bras.
«
Histoire de ménage je suppose. Même Colony Cove n'est pas si tranquille que ça. »
Edit : Clin d'oeil à June pour le rêve ! :P